Le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle a reçu un avis quasi unanimement favorable du conseil supérieur de l’éducation le 30 janvier 2025. Il devrait être publié rapidement pour une mise en œuvre à la rentrée 2025.
L’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle est une préoccupation confédérale de la CFDT, travaillée conjointement avec la CFDT Éducation Formation, recherche Publiques et la Fep-CFDT. Elle s’est concrétisée dans nos champs professionnels avec l’étude en conseil supérieur d’un programme d’enseignement couvrant l’ensemble de la scolarité primaire et secondaire. Les débats ont été longs et de qualité ; ils ont permis d’aboutir à un vote très majoritairement favorable sans aucune expression en opposition.
Un vote favorable après d’âpres discussions
Il aura fallu plus de 9h de débats cordiaux partagés entre l’après-midi du mercredi et la matinée du jeudi pour aboutir à ce vote. Les membres du CSE et la délégation CFDT ont salué un exercice authentiquement démocratique. Il a fallu cependant peser de tout notre poids avec d’autres organisations syndicales pour obtenir que soient explicitement mentionnées les différentes discriminations contre lesquelles le programme entend lutter comme l’homophobie ou la transphobie, et ce, dès le collège.
Une méthode basée sur le dialogue et l’écoute
Ce chantier ouvert depuis deux ans a permis une élaboration collective large qui a permis la prise en compte de nombreuses demandes. Les débats en commissions spécialisée, en novembre avaient permis d’obtenir des modifications substantielles sur le repérage de l’inceste par exemple. Un travail fin à la suite de cette réunion a été fait pour améliorer le texte, et de nombreuses propositions de la CFDT ont été intégrées en amont du CSE.
Malheureusement, des reculs ont également été constatés, et sur lesquels nous sommes revenu·es en séance. De notre point de vue la suppression de la mention des compétences psycho-sociales est regrettable, de même que les liens avec les autres programmes. Nous espérons vivement que les ressources d’accompagnement du programme expliciteront ces items importants pour nos collègues et nos élèves.
Les actions de la CFDT en séance
Les deux fédérations CFDT se sont associées à un vœu intersyndical demandant un plan de formation de l’ensemble des personnels pour le déploiement de l’EVARS, mais aussi le soutien et la protection sans faille de l’employeur en cas de contestation ou remise en cause extérieure lors de la mise en œuvre de cette éducation.
La CFDT a déposé un amendement pour supprimer la mention « Sans se substituer au rôle des parents et des familles des élèves » dans la phrase : « Sans se substituer au rôle des parents et des familles des élèves, elle revêt un caractère obligatoire et elle est mise en œuvre sur l’ensemble du territoire, dans les établissements publics et dans les établissements privés sous contrat. » En effet, cet ajout au texte initial présenté lors du passage du texte en commission spécialisée, ouvre la voie à toutes les contestations possibles de la part des parents et des familles, s’opposant à cet enseignement.
Il est important de sécuriser les personnels dans leur légitimité à mettre en œuvre ce programme en supprimant tout source de flou. L’administration a accepté de retirer la mention, mais pour la remplacer par « En complément au rôle des parents…».
De même, la CFDT a aussi demandé la suppression du passage « Les parents d’élèves sont informés de la tenue et du contenu des séances obligatoires ». L’administration l’a substitué par « Les parents d’élèves sont informés des objectifs d’apprentissage annuels de cette éducation ».
Il reste beaucoup à obtenir pour une mise en œuvre réelle
Nous ne ferons en effet pas preuve de naïveté, et si nous saluons le vote lors du CSE, nous savons également qu’un texte, aussi précis et intéressant soit-il, n’a que peu de chances d’être réellement mis en place sans moyens humains.
Ainsi, dans le second degré, la priorité donnée au remplacement de courte durée a asséché dans de nombreux établissements les quelques moyens en heures supplémentaires qui permettaient à des projets d’éducation à la sexualité d’exister.
Dans le 1er degré, la CFDT a rappelé que la fin d’un dispositif comme « Plus de Maîtres que de Classes » rendaient quasi impossible la possibilité des co-animations.
L’état de la médecine scolaire, ainsi que les nombreux postes vacants de personnels de santé et sociaux, posent évidemment un problème: le programme rappelle à quel point il est important que les différentes catégories de personnels puissent travailler ensemble à cette éducation à la sexualité. Comment faire quand tant de collègues manquent à l’appel ?
Enfin, il reste le chantier de la formation des personnels, indispensable et pourtant compliqué à envisager dans le contexte actuel de limitation de la formation sur temps scolaire et la pénurie de remplaçants dans le premier degré.
Déclaration liminaire de la CFDT
« Pour la CFDT, en déconstruisant les stéréotypes, l’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle (EVARS) constitue avant tout une éducation à l’égalité et à la protection de l’enfance. Elle se situe à un point de convergence entre les droits des femmes et ceux des enfants. Elle articule égalité entre les femmes et les hommes, santé publique, lutte contre les discriminations, protection de l’enfance.
Pour la CFDT, rendre effective l’EVARS est une nécessité, un impératif pour protéger les enfants et même sauver des enfants. C’est prévenir et lutter contre le harcèlement, les discriminations, les violences sexistes et sexuelles, et il y en a grand besoin dans notre société. Rendre effective l’EVARS, c’est se mettre à hauteur d’enfant pour bâtir une société plus juste. Le projet de programme se met à hauteur d’enfant en prévoyant une progressivité dans la manière d’aborder les thématiques, en s’adaptant à l’âge des enfants, en prévoyant de faire de la place à la parole des enfants et surtout en visant à leur donner la capacité d’asseoir et d’exercer leurs droits. (…). Pour toutes ces raisons, la confédération CFDT a pris des engagements forts pour soutenir le développement de l’éducation à la vie affective relationnelle et sexuelle et ne baissera pas la garde. (…) Tout au long de ce processus de construction de l’avis, nous avons pu constater et subir les agissements de réseaux réactionnaires très organisés pour empêcher le développement de l’EVARS, agissements que subissent les personnels des écoles et établissements scolaires. Ces agissements, la désinformation récurrente pour discréditer l’EVARS, minorer les violences sexuelles et sexistes contre les enfants, minorer les violences sexistes et LGBTphobes démontrent que rien n’est acquis et combien l’enjeu est vital pour notre démocratie.
L’école ne doit pas céder aux assauts des instrumentalisations politiques, de quelque bord qu’elles viennent. Il faut désormais passer au faire, défendre, protéger les agents contre les attaques, la désinformation sur l’éducation à la sexualité, pour que l’action éducative puisse contribuer à transformer notre société dans l’intérêt de toutes et tous et dans l’intérêt général ».
La CFDT a donné en main propre son Manifeste féministe à la minsitre ELisabeth Borne présente en début de séance.